Il y a un peu plus de tois ans, Anaïs Combes a retroussé ses manches pour rejoindre l’entreprise de son conjoint en tant que menuisière, laissant derrière elle un travail administratif pourtant moins contraignant physiquement. Aujourd’hui, à 36 ans, elle n’a aucun regret et envisage le futur avec confiance.
« J’ai toujours eu une passion pour le bois. Ce matériau m’inspire et me fait ressentir quelque chose d’apaisant. Et j’ai toujours été bricoleuse », relate Anaïs. Mais cette dernière n’avait jamais songé à devenir menuisière avant sa rencontre avec Yves De Buck, son mari depuis récemment.
Anaïs et Yves se rencontrent en 2019, après que ce dernier a créé son entreprise Alternative Menuiserie 34 en 2018 à Adissan, un petit village au cœur de l’Hérault (34). À l’époque, il cumule son travail indépendant de menuisier avec un autre emploi. Mais surchargé de travail, en 2021, il fait le choix de se consacrer pleinement à sa passion de l’artisanat et à son entreprise.
Anaïs, de son côté, constate que certains chantiers prennent du retard, notamment avec l’un des sous-traitants embauchés par Yves. C’est alors que germe en elle l’idée de démissionner pour seconder son conjoint sur les chantiers. « Je me suis dit que, quitte à payer un autre artisan, autant m’embaucher moi. Ça ne me faisait pas peur qu’il m’apprenne le métier. »
Yves, de son côté, avoue avoir été surpris car il voyait à l’époque sa profession comme étant plutôt réservée aux hommes : « Il faut soulever des charges, c’est un métier fatigant, très différent de son ancien poste paisible dans un secrétariat ». Mais devant l’assurance d’Anaïs, il accepte de faire l’essai… Un essai qui sera un succès.
Un homme et une femme : un atout sur les chantiers
Aujourd’hui, le couple constate qu’allier féminin et masculin est un atout, notamment auprès des clients, principalement des particuliers. « J’ai vu la différence immédiatement. Quand nos clients voient une femme, ils sont satisfaits. Ils sont souvent plus ouverts, et peut-être même plus rassurés », raconte Yves. « Et parfois », ajoute Anaïs, « les clients me proposent de me reposer ou de prendre un café pendant que je suis en train de travailler ! Alors je regarde mon patron – dans ces moments-là, il n’est pas mon conjoint mais mon patron – pour savoir ce que je dois faire ! », plaisante-t-elle.
La grande complicité qui existe entre Anaïs et Yves se traduit par une complémentarité sur le terrain, où les principales activités de l’entreprise sont la pose de menuiseries, de terrasses, de pergolas et de parquets. « Quand on arrive sur un chantier, on n’a pas besoin de se concerter, on sait déjà chacun quelles tâches nous avons à faire », raconte Anaïs. « Par exemple pour une porte d’entrée en dépose totale, moi je vais installer la poignée, les barillets, pendant qu’il démonte l’ancienne porte. Ensuite je vais nettoyer le chantier, nous allons placer la nouvelle porte ensemble, je vais mettre le joint de silicone en bas, etc. »
Mais Anaïs peut également être seule sur certaines opérations, notamment pour la pose de terrasses bois ou de parquet, des tâches qu’elle affectionne particulièrement.
« Être féminine et menuisière, c’est possible »
« Il y a une façon de porter, il y a une façon de lever les charges. Même sur les chantiers, j’ai toujours mes ongles faits, je suis toujours maquillée. Alors je me protège : je mets des gants, des genouillères, une ceinture pour le dos – quand on a eu des grossesses, on a souvent le dos plus fragile. Mais oui c’est possible pour les femmes », indique Anaïs.
Ce qu’elle aime le plus dans sa nouvelle activité : être dehors, faire des rencontres, changer d’environnement régulièrement et être satisfaite du travail accompli après chaque chantier. Elle apprécie également le fait de travailler indépendamment et d’être en maîtrise de son planning, un avantage lorsqu’on a des enfants. « Ce n’est pas comme un métier de bureau où tous les jours, c’est la même chose. Et je discute beaucoup avec les clients. Certains sont même devenus nos meilleurs amis. »
L’aventure au féminin va continuer pour l’entreprise, qui va prendre en charge au mois de juin une stagiaire en bac pro. « C’est elle qui nous a contactés, et nous avons hâte de l’accueillir et de lui montrer le métier », conclut Anaïs.