Depuis le rachat de l’entreprise en 2007 (voir encadré), les nouveaux dirigeants de Cadiou industrie ont souhaité moderniser leurs gammes de portails, portillons et clôtures. La mode pour les clients les plus jeunes s’appuie sur les coloris gris anthracite, noir, taupe, au même prix que le blanc. Les clients plus âgés préfèrent les tons faux bois mat, l’aluminium de style ferronnerie, voire les formes en chapeau de gendarme.
Dès mars 2007, les ventes explosent, d’où l’idée de construire une nouvelle usine. Mais le financement de ces travaux a imposé d’attendre « deux bilans complets » précise Jean-François Legault, directeur commercial de Cadiou industrie. Afin d’optimiser son flux de production, l’entreprise a investi 4,5 millions d’euros en trois ans dans la modernisation de son outil.
Sur la surface de 13 500 m2 dédiée aux portails et clôtures, la dernière tranche de travaux vient de se terminer, avec 3 500 m2 pour le pôle logistique.
Créée en 1973, Cadiou industrie est une entreprise familiale installée à Locronan dans le Finistère, près de Quimper. Elle fabrique d’une part des portails, portillons et clôtures de jardin et d’autre part de la chaudronnerie plastique. Sa surface totale est de 15 000 m2 couverts, dont 5 000 m2 neufs, y compris 1 500 m2 pour l’activité chaudronnerie.
Elle a été reprise en 2007, via une opération financière de LBO, par une équipe formée de deux des filles du dirigeant d’alors et de leurs époux. Trois d’entre eux sont maintenant cogérants de l’entreprise : Emmanuelle Legault, présidente, Jean-François Legault, directeur commercial, et Anthony Bihan, directeur de la production. En 2007, le chiffre d’affaires s’élevait à 13,6 millions d’euros pour un effectif de 130 personnes. Le chiffre d’affaires de l’exercice 2010/2011 a été de 28 millions d’euros et « le bilan 2011/2012 sera de 33,5 millions d’euros, » annonce Jean-François Legault, pour un effectif de 320 personnes.
Cadiou industrie fabrique et commercialise, pour l’habitat individuel, 55 000 portails par an, dont 65 % d’aluminium, 34 % de PVC, et 1 % de bois. Les portails en bois sont rigidifiés par un cadre en aluminium, masqué par les lames en bois. Il s’agit soit de lignes spécifiques pour les GSB, soit de produits sur mesure installés par des professionnels (menuisiers, clôturistes, vérandaliers…). Ils prennent les cotes sur site chez leurs clients, pour des portails fabriqués à façon, puis posent et motorisent ces portails. L’entreprise fournit aussi les embouts de profilés, et toutes les pièces accessoires pour les portails. L’ensemble des deux gammes, précise Jean-François Legault, « permet des volumes d’achat de matières importants, ce qui facilite la négociation de ces achats. »
L’entreprise n’a pas de réseau de vente, mais a des accords avec certains réseaux (Caséo, Maison du menuisier…) pour la distribution de ses produits. Elle emploie dix commerciaux sur toute la France, dont un à l’international, qui étudie la spécificité des marchés. « Par exemple, signale Jean-François Legault, nous avons fourni, en Angleterre, des portails à quatre vantaux, ou un portillon-écluse qui bloque l’eau en cas de débordement d’un cours d’eau. »
Le cabinet de design All Trends vient apporter des idées pour faire bouger le marché et doper les ventes, en proposant de nouvelles gammes de portails pour être “en avance” sur les tendances, avec de nouveaux coloris, plus vifs, de nouvelles matières…
Enfin, Cadiou industrie adhère au code de la marque Bretagne, qui s’appuie sur les valeurs de travail, d’humour, d’esprit d’équipe, mais s’adapte aussi aux conditions climatiques. La résistance forte des produits à l’air salin est un vrai plus pour leur durabilité (voir VPM 66 page 25).
Un recrutement “par simulation” a été mis en place en collaboration avec le Pôle Emploi. Pour cela, l’entreprise s’est vue décerner le prix Planète d’or de l’emploi 2010. Grâce à cette méthode, Cadiou industrie a embauché 132 nouveaux salariés en CDD et a concrétisé 22 contrats à durée indéterminée depuis janvier 2011. Ce recrutement favorise l’accès à l’emploi des jeunes, mais aussi des seniors, et lutte contre toutes sortes de discriminations (sexe, origine, arrêts de carrières…). Les seuls critères retenus sont les aptitudes et la motivation des candidats. Une fois intégré, le nouvel embauché est pris en charge par un tuteur qui lui permet d’assimiler les gestes et procédures appliqués dans l’entreprise.Des psychotests sont mis au point par le Pôle emploi, pour définir les postes. Le Pôle emploi valide aussi la capacité d’un homme à changer de poste.
Chaque candidat à un nouveau poste passe des tests d’aptitudes psychotechniques. « Par exemple, déclare Emmanuelle Legault, pour un poste de gestion de la non-conformité, il faut trouver des personnes capables de détecter des défauts, même tous petits : l’un des tests consiste en une page entière de chiffres 2, au milieu desquels est caché un seul 3. La personne capable de le trouver rapidement aura le bon regard pour repérer des défauts. » D’autres tests font appel aux capacités de repérage dans l’espace, voire de bricolage… Ces tests sont notés et une note de 750/900 permet de décrocher un entretien, qui valide aussi la santé physique ou la capacité à travailler en deux ou trois postes de huit heures, selon le rythme de l’entreprise.
Chez Cadiou industrie, rapporte Emmanuelle Legault, « un ancien militaire avait postulé avec un CV classique, mais n’avait pas convaincu. C’est grâce à la méthode par simulation qu’il a enfin réussi à se faire embaucher, selon son désir, et qu’il s’est révélé un excellent bricoleur, malgré les apparences. »
De l’amont de la commande…
Le bureau d’études centralise les commandes reçues, les trie en fonction des gammes, traduit les données commerciales en données techniques et prépare la mise en fabrication des portails, après avoir éventuellement fait une nouvelle proposition technique, à valider avec le client : il s’agit de leur apporter du conseil. Le bureau d’études de Cadiou industrie compte huit personnes. Le modèle Youn (Yves en breton), a été créé par l’un des employés de Cadiou industrie, dont le prénom, traduit en breton, a été donné au modèle.
Un contrat de prévention du risque professionnel a été signé avec la Cram, pour optimiser le confort et la sécurité des salariés, en allant au-delà des normes en vigueur : par exemple l’isolation acoustique des bâtiments, le chauffage des ateliers…
À partir de l’arrivée des matières premières, presque toute l’usine est de plain-pied, y compris la zone de livraison des camions et les quais niveleurs.
La logistique des livraisons est assurée par les six camions de la division transport de Cadiou, ainsi que par d’autres transporteurs quand les livraisons sont nombreuses. Les camions sont chargés dans l’ordre inverse de la tournée de livraisons prévue. Trois bases de Cadiou transport sont situées à Bordeaux, Le Mans et Bourges, pour permettre de limiter le temps de roulage de chaque chauffeur. Lors des livraisons à longues distances, le camion fait une pause dans la base, puis continue sa route sans transfert de la marchandise, mais avec un nouveau chauffeur.
…À l’aval : visite de l’usine
L’espace de stockage pour les matières premières (barres d’aluminium, rails,…) est maintenant couvert. Les profilés en U pour le stockage des barres de 6 m ont été conçus par Cadiou industrie pour pouvoir prendre les profilés sans les abîmer.
Le stockage est manuel, « ce qui est plus rapide qu’avec un transstockeur, » estime Jean-François Legault. Deux opérateurs viennent chercher les barres nécessaires à la fabrication de chaque portail. Pour cela, le fournisseur de Cadiou place des cartons entre les barres laquées, pour éviter qu’elles ne soient griffées lors des manœuvres. Dix couleurs standards sont stockées en continu pour l’aluminium, ainsi que deux couleurs pour le PVC. En complément, des produits bruts sont également stockés pour les portails en aluminium soudés à l’aspect de fer forgé : après leur fabrication, ils seront envoyés chez un laqueur.
L’assemblage de la grande majorité des portails est mécanique, sans soudure, à partir de barres prélaquées pour l’aluminium. « La structure des portails est ainsi très solide, assure Jean-François Legault, avec des tenons et mortaises à double transpercement de la filière pour une solidité accrue. »
Pour harmoniser l’entrée du jardin avec celle de la maison, Cadiou industrie vient de rejoindre le partenariat Bel’M – Novoferm sur le concept “designed by Bel’M”. Cette cohérence correspond à une tendance du marché, qui veut aller vers une “signature” de la maison. Le but de ce partenariat est aussi d’aider les revendeurs à vendre, même si « le portail est souvent acheté deux à trois ans après la livraison de la maison, » indique Jean-François Legault.
Il a fallu associer un même design sur les produits, malgré des modes de fabrication qui ne sont pas du tout les mêmes. Par ailleurs, les portes d’entrée et de garage présentent de fortes épaisseurs pour assurer une isolation thermique, obligation que n’ont ni un portail ni un portillon.
Pour l’instant, le design s’appuie sur celui de Bel’M, mais chacune des trois sociétés peut proposer un design aux deux autres. « C’est une forme de prescription, » indique Jean-François Legault. Un contrat de confidentialité a été signé entre les trois partenaires, et il n’y a pas d’obligation de chiffre d’affaires à réaliser.
Les sept modèles de la collection de Cadiou industrie “designed by Bel’M” comprennent portillon, portail à deux vantaux ou portail coulissant avec aspect à deux vantaux :
– Chrome et Nickel : le portail gris Chrome (Ral 7016) comprend des lignes verticales aux formes géométriques. Les cadres en fonte d’aluminium, au vitrage sablé, créent un relief sur le portail. Le modèle Nickel comprend un seul cadre aluminium au lieu de trois.
− Lotus : le modèle est doté d’un vitrage sur toute la hauteur du portail, et s’intègre aux maisons contemporaines.
− Latitude et Longitude : les parements décoratifs sur portail ont des inspirations florales. Le modèle Latitude a des lignes horizontales, le modèle Longitude des lignes verticales.
− Zen : ce modèle est équipé d’embouts de couleur gris Déco Bel’M qui soulignent des baguettes aux couleurs du portail.
− Calypso : les lignes sobres de ce portail revêtent une connotation marine accentuée par un occulus rond.
En complément du partenariat avec Bel’M et Novoferm, Cadiou industrie édite un nouveau catalogue et fait évoluer son logo. Tous ses portails sont motorisés ou motorisables, selon la norme NF EN 13 241-1 (anti-pince-doigts…). Il est possible de garder la même télécommande pour le portail et pour la porte de garage, et la domotique Bft peut accompagner la motorisation.
De plus, l’entreprise présente un nouveau modèle en aluminium, Galia. Il est doté de lames en aluminium (110 x 25 mm) inspirées par les persiennes et dont la forme design forme un rainurage du portail. Les lames laissent passer l’air et le vent, tout en protégeant l’intimité de la propriété : elles permettent la vision de l’intérieur vers l’extérieur, mais pas l’inverse.
Galia peut être réalisé en largeur de 2,50 m à 4 m et avec une hauteur jusqu’à 1,50 m. Pour une taille supérieure, une traverse intermédiaire est rajoutée (modèle Klum), avec des dimensions jusqu’à 5 m x 2 m. Galia et Klum sont motorisables, et disponibles dans les coloris blanc, vert, gris et noir, avec un laquage garanti Qualicoat.
Ateliers aluminium et PVC
L’usine comprend deux ateliers, un pour l’aluminium, l’autre pour le PVC. L’atelier aluminium comprend six scies, six mortaiseuses, une machine à commande numérique à cinq axes. Cette machine coupe les barres de 6 m, dans un seul coloris à la fois pour optimiser les chutes. Un atelier de cintrage permet de courber les profilés en aluminium laqué sans les abîmer : les profilés sont garnis avec une matière qui permet de les cintrer sans déformation, grâce à une machine à quatre galets.
Une mortaiseuse à commande numérique permet de fabriquer des closoirs intercalaires en toutes petites dimensions, par exemple, précise Jean-François Legault, « pour les portails Raz, qui disposent de peu d’écart entre les lames. »
Après les coupes, les pièces sont préparées manuellement : perçage, meulage…dans un travail par îlot : chacun prépare une commande : portail, portillon, clôture, avant le contrôle et la déclaration de conformité.
Pour la motorisation, des lames de renfort sont prévues : elles sont glissées dans les profilés et présentent une épaisseur d’un centimètre. Elles permettent de percer et tarauder le portail pour la pose de la motorisation. Pour le coulissant, la crémaillère de portail est de la couleur de ce portail : elle est préparée en usine, ce qui simplifie la pose, et sa tranche est finie par un cache en polyéthylène assorti au portail.
Cadiou fabrique aussi des poteaux en aluminium pour éviter le passage du maçon : quatre cornières en aluminium sont assemblées pour former ce poteau, qui est enfoncé de 50 cm et reçoit un ferraillage puis du béton coulé. Dans les clôtures, les supports verticaux sont dotés de joints qui permettent la pose des lames horizontales sans les griffer lors de la pose.
Dans l’atelier PVC, une machine à commande numérique Biesse Rover C6 permet un usinage sans décalage des deux parties d’un poteau en PVC. Le cintrage du PVC est réalisé par un réchauffage à l’étuve, puis par le placement du profilé dans un moule prédéfini où il refroidit en prenant sa forme définitive.
Les portails en aluminium sont plutôt réalisés par des hommes, ceux en PVC par des femmes, parce qu’ils sont plus légers. Les cadres des portails PVC suivent la forme du PVC. Les vis d’assemblage sont en inox pour que rien ne rouille.
Un convoyeur transporte les portails finis vers l’emballage, où ils sont protégés par des films thermorétractables. Les déchets plastiques et cartons sont compactés dans deux presses qui facilitent le recyclage : lors du compactage des cartons, la presse crée une palette intégrée pour le transport.
Cadiou industrie propose des portails avec des tôles perforées ou des verres décoratifs, sur demande. Pour cela, elle a établi un partenariat avec un artisan local, la Verrerie de Locronan. Celui-ci fabrique des pièces en verre à la canne, mais fournit également des verres plats avec décoration en fusing. Pour les portails de Cadiou (modèles Loann, Dall, Evaël, Erell,…), il assemble ces verres en feuilletage.
Jean-Pierre Chevalier, le gérant, indique : « Les verres feuilletés sont actuellement réalisés avec de la résine, mais un nouveau four va permettre un feuilletage avec deux feuilles d’EVA entre lesquelles des inclusions pourront être insérées : bois, papier, feuilles… Un nouveau four de fusing, fourni par le fabricant portuguais Barracha, permet à la fois le feuilletage et le thermoformage à 800° de plaques jusqu’à 1,25 m x 2 m. »
Le pôle logistique comprend huit quais de chargement pour les camions et des espaces de stockages intérieurs sur plusieurs niveaux. Les camions sont chargés en fonction de la tournée prévue, et avec des chevalets en bois pour le transport dans les camions n’appartenant pas à Cadiou transport (voir encadré).
Cadiou fabrique également des portails en aluminium, dont l’apparence est en fer forgé. Ils sont soudés, avec ou sans tôle en aluminium pour l’occultation, puis laqués dans un deuxième temps.
Ils peuvent être décorés de pièces ornées : pommes de pin, boules, fleurs de lys, pointes, gouttes d’eau. Ces pièces sont coulées en aluminium pur, sur lequel le laquage est bien adhérent. « Pour Paris et sa région, les portails sont encore très défensifs, » indique Jean-François Legault.
Pour une amélioration continue des flux et une meilleure organisation du travail, la méthode de management Lean a été mise en place dans les ateliers de production.
Un pôle formation est bientôt prévu pour les clients, pour aider leurs poseurs à installer les portails. Le but est de travailler mieux, avec de bons produits, pour une meilleure rentabilité à terme.
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