Le secteur de la construction vient de connaître, grosso modo, trois crises successives. Lors du salon Artibat, un responsable de la Capeb expliquait avec lucidité que, lors de la première crise, les Français avaient de l’argent mais pas le moral, lors de la seconde, ils avaient le moral mais pas d’argent et aujourd’hui, ils n’avaient… ni l’un ni l’autre !
J’ai été interpellé un certain nombre de fois lors de mes visites sur les stands d’Artibat, par le fait que les médias (les autres, bien évidemment pas le nôtre !) étaient responsables de la morosité ambiante. « Ouvrez les journaux, allumez la radio, avec ce que vous entendez, comment voulez-vous que les gens aient envie de changer leurs fenêtres, d’investir dans une véranda ou une nouvelle porte de garage ? » Voici en substance ce que mes interlocuteurs m’ont à plusieurs reprises (et plutôt gentiment) exprimé. Ils ont raison, les médias sont anxiogènes. Mais doit-on accuser le porteur de mauvaises nouvelles ? Est-ce la faute du journal l’Équipe si l’équipe de France de foot est si médiocre ? Est-ce la faute des Échos si Peugeot perd des millions ? Est-ce la faute de Verre & Protections si Jean-Claude Madragore a vu son groupe Madinvest être liquidé ?
Ne comptez pas sur moi pour hurler avec les loups ou bêler avec les moutons. Notre rédaction, qui en a vu d’autres, ne chante pas à la proue du Titanic mais ne hurle pas non plus à la mort à chaque mauvais chiffre annoncé par le secteur du bâtiment en France.
Oui, ça va mal. Oui, peu d’entreprises de nos secteurs vont afficher une croissance à deux chiffres en 2012. Oui, certaines d’entre elles vont fermer. Oui, oui, oui… et alors ? Faut-il s’asseoir par terre pour pleurer ? Ou se taper la tête contre les murs ?
C’est justement le moment de se bouger, de faire mieux que le voisin, de se retrousser les manches, d’innover, de communiquer, et surtout d’avoir en permanence à l’esprit une seule chose : la sortie de crise. Lisez les articles dans les pages qui suivent cet édito, ils vous donneront certainement du baume au cœur. Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Il y a des entreprises qui investissent des millions d’euros dans leur outil productif, d’autres qui lancent de nouveaux produits, de nouveaux concepts, de nouvelles formes de commercialisation. Bref, ça bouge encore, que diable ! Et comme par hasard, ceux qui s’en sortiront en y laissant le moins de plumes sont justement ceux qui considèrent la crise actuelle comme du passé et ont déjà projeté leur quotidien dans 9 à 12 mois, quand (on l’espère et on y croit) les choses iront mieux.
Est-ce la faute du quotidien Les Échos si Peugeot perd des millions ?
Et d’ailleurs pourquoi cela n’irait-il pas mieux ? Mais parce que certains indicateurs laissent à penser que la gravité de la situation actuelle ne va pas (et ne peut pas) durer. La crise est essentiellement morale (hélas à pas mal de niveaux). Les Français ont de l’épargne prête à sortir de leur bas de laine, qui pour l’instant ne fait le bonheur que de leurs banquiers. La forte demande de logements est intacte en France depuis pas mal d’années. Le retard en matière d’équipements en fermetures est encore important dans notre pays, par rapport à nos voisins nord-européens, notre patrimoine à rénover est l’un des plus importants au monde par rapport au nombre d’habitants. L’État va vraisemblablement tenir sa promesse (je croise les doigts en écrivant cette phrase !) quant à ses projets de construction de 500 000 logements par an. Le lobby de la fenêtre va certainement finir par faire admettre à nos dirigeants que celle-ci doit être au centre des mesures fiscales visant à inciter (pourquoi pas obliger ?) les Français à investir dans l’amélioration de leur habitat.
Allez, pour finir, une autre bonne nouvelle qui va vous faire plaisir : l’institut de sondages Ifop a dévoilé, le 26 octobre dernier, une étude sur les habitudes de consommation des Français en matière d’habitat. Ils sont 7 sur 10 à envisager de faire des travaux dans leur lieu d’habitation au cours des deux prochaines années.
7 Français sur 10 représentent environ 28 millions d’individus, et si, sur ces 28 millions, 15 % décident que ces travaux seront des changements de fermetures, ça fait 4,2 millions de chantiers. Et sur 4,2 millions de chantiers de fenêtres ou de portes, combien seront effectués par des bricoleurs du dimanche ? A mon avis, moins de 3 %. Ça vous laisse donc 4,1 millions de chantiers pour les 24 prochains mois. Vous avez donc rudement bien fait de lire cet éditorial jusqu’au bout !