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Au plus fort de la pandémie d’avril à mai, la production de Guardian Glass en Europe était réduite de 60 %. Après le déconfinement, le retour à une charge de production normale a été rapide, mais la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous. Surtout, la pandémie introduit une grande incertitude dans l’activité des clients de l’entreprise. Dans le secteur automobile, la plus grande incertitude règne quant à un retour à des volumes de production pré-pandémie. Dans le bâtiment, le logement, neuf et en rénovation, est reparti. Mais le secteur tertiaire demeure très affecté, à la fois directement par la pandémie et par la découverte que le télétravail fonctionne plutôt bien. Ce qui augure mal d’un prompt retour à un niveau de développement de bureaux et d’hôtels neufs, par exemple, comparable à celui que l’on connaissait en 2019. De plus, toute la chaîne des acteurs, depuis les entreprises jusqu’aux transformateurs de verre, reste à la merci d’une inflexion à la hausse des contaminations durant l’hiver. Ce qui pourrait pousser les États à prendre de nouvelles mesures de confinement.
Guardian Glass reste confiant à moyen terme
Pourtant, le poids de la pandémie ne décourage pas Guardian Glass. En 2017, l’entreprise avait décidé de construire un nouveau float et un coater sous vide à la pointe de la technologie à Czestochowa en Pologne. Ces deux nouvelles installations ont été livrées il y a trois semaines à peine. La production a commencé il y a deux semaines. Le coater sous vide offre une capacité de production de 40 millions de mètres carrés par an. Tandis que le float produit 1 000 tonnes métriques de verre par jour. En plus de ce float, et d’un deuxième installé juste à côté à Czestochowa, rénové en 2018, Guardian Glass exploite huit autres floats en Europe. Ce qui fait de l’entreprise l’un des tout premiers fabricants de verre en Europe. Depuis trois ans, l’entreprise a augmenté ses capacités en Allemagne et en Hongrie, et réfléchit notamment à la rénovation de plusieurs de ses floats pour améliorer leur rendement et réduire leur consommation d’énergie. Le nouveau float mis en service en Pologne est d’ailleurs le plus performant de tous ceux que possède le fabricant. Au Luxembourg, un float a été fermé et le deuxième arrive en fin de vie en 2022-23. Pour demeurer à la pointe de l’innovation industrielle, Guardian Glass participe au cluster britannique “Glass Future” (www.glass-futures.org), qui rassemble quatre universités (Cambridge, Leeds, Liverpool et Sheffield) et une douzaine de partenaires industriels. Le but de ce cluster est d’accélérer le passage de l’invention à l’industrialisation, notamment en ce qui concerne les technologies de production du verre. L’une des pistes intéressantes, que Guardian Glass compte d’ailleurs expérimenter, consiste à utiliser de l’oxygène pur en guise de comburant pour la combustion du gaz naturel dans un float. Cette technique réduit la production de NOx (oxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre) qui, lorsque l’air est utilisé comme comburant, apparaît lors de la combinaison de l’azote contenu dans l’air et de l’oxygène pendant une combustion à haute température. Utiliser de l’oxygène pur améliore également le rendement énergétique. À plus long terme, parce qu’il n’existe pas encore vraiment d’équipement industriel disponible, Guardian Glass s’intéresse à l’hydrogène : mélanger de l’hydrogène et du gaz naturel ou carrément substituer l’hydrogène au gaz naturel dans les fours de floats.
Anticiper et répondre aux demandes du marché
Guus Boekhoudt discerne un certain nombre d’évolutions fondamentales qui, en ce qui concerne le bâtiment, réorientent les demandes des concepteurs et des entreprises. Premièrement, souligne-t-il, une tendance de fond se dessine : les maîtres d’ouvrage, autant que possible réhabilitent plutôt que de démolir pour reconstruire. En ce qui concerne le vitrage, cela milite pour le développement d’une filière de récupération du verre déposé et sa réutilisation dans les floats. Guardian Glass entend prendre toute sa place dans ce mouvement vers une économie circulaire dans la production de vitrage.
Ensuite, la directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments qui demande des bâtiments neufs à énergie quasi-nulle entre en vigueur partout dans l’Union européenne. La France a traduit « bâtiment énergie quasi-nulle » par Bepos : Bâtiment à énergie positive. Ce qui pourrait être compris comme plus sévère que la demande européenne. Attendons sagement de voir, d’ici la fin de l’année, comment la prochaine réglementation RE2020 traduira effectivement la notion de Bepos. Mais, pour Guardian Glass, cette poussée européenne vers des bâtiments nettement plus efficaces en énergie se traduit par au moins trois demandes qu’il faut satisfaire : des verres à meilleur contrôle solaire, une solution efficace et pérenne de protection solaire et une production d’électricité photovoltaïque en façade.
Contrôle et protection solaire
Lors du dernier salon Glasstec à Dusseldorf en 2018, Guardian Glass avait introduit le nouveau verre SunGuard SN63, un verre de contrôle solaire à double couche d’argent, d’aspect gris neutre, offrant des performances particulièrement élevées : transmission lumineuse TL de 63 % en double vitrage et de 57 % en triple vitrage, une valeur Ug = 1,0 W/m².K en double vitrage et de 0,5 W/m².K en triple vitrage, un contrôle solaire de 33 % en double vitrage, et 31 % en triple vitrage, une faible réflexion externe de 12 % en double vitrage et 14 % en triple vitrage et une réflexion interne réduite de 16 % en double vitrage et de 19 % en triple vitrage. SunGuard est disponible en version recuite et trempée. Guus Boekhoudt constate que la demande pour des verres à fort contrôle solaire augmente régulièrement.
Côté protection solaire, la solution dynamique innovante, imaginée par Guardian Glass et également présentée à Glasstec 2018, n’a pas encore quitté les laboratoires. Et si l’entreprise prévoit bien d’en disposer dans un proche avenir, elle ne souhaite pas préciser une date de mise sur le marché. Il ne s’agissait pas d’un verre électrochrome, mais d’un très mince écran intégré dans les doubles ou triples vitrages. Naturellement enroulé en partie haute du vitrage, cet écran est activé en quelques secondes en faisant passer un petit courant à travers les couches conductrices créant une attraction électrostatique entre l’écran ultra-mince et la surface du verre. En raison de très faibles exigences de puissance, l’installation n'a pas besoin d'être reliée au secteur, mais peut être alimentée par batterie, même avec une recharge solaire.
Photovoltaïque en façade
Troisième point, la production solaire photovoltaïque en façade. Guardian Glass a conclu à cet effet, un accord avec l’entreprise polonaise ML System SA. ML System est l’un des cinq premiers producteurs mondiaux de solutions BIPV : Building Integrated PhotoVoltaics ou photovoltaïque intégré au bâtiment. Les modules BIPV de ML System, à base de cellules photovoltaïques en silicium monocristallin, sont semi-transparents ou opaques selon l’écartement entre les cellules, incorporés dans ce que l’on appelle des panneaux verre/verre : des sandwiches verre/cellules photovoltaïques/ verre. Les solutions ML System sont proposées par Guardian Glass dans le monde entier avec des innovations qui devraient arriver sur le marché européen et français en 2021.
Guus Boekhoudt évoque encore deux autres demandes croissantes très spécifiques. La première est le verre bombé qui attire de plus en plus les architectes. Guardian Glass est capable de fournir dans de grandes dimensions du verre qui peut être bombé, avec toutes sortes de couches de contrôle solaire, par exemple. La seconde demande porte sur la protection des oiseaux. Les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus soucieux d’éviter que les oiseaux ne distinguent pas les parois vitrées et les heurtent. Guardian Glass propose une gamme de produits avec une réflexion externe inférieure à 15 % qui diminue le risque de collision des oiseaux contre les vitrages.
En conclusion de ce tour d’horizon, Guus Boekhoudt indique que Guardian Glass ne participera pas à l’édition virtuelle de Glasstec, du 20 au 22 octobre 2020, et que l’entreprise n’a pas encore décidé si elle exposerait au prochain salon Glasstec qui se tiendra à Dusseldorf du 15 au 18 juin 2021.