Valérie Létard, la ministre déléguée au Logement, vient d’annoncer l’impossibilité pour l’État de s’engager formellement pour le paiement des aides MaPrimeRénov’ depuis le 1er janvier 2025, faute de loi de finances. C’est l’une des conséquences d’une censure du gouvernement dont la FFB avait annoncé les effets délétères.
« Cette situation, nouvel accroc à un dispositif qui n’en avait pas besoin après les errements du début 2024, va clairement provoquer de l’attentisme et conduire des ménages à abandonner les travaux qu’ils envisageaient », déclare la FFB qui « le déplore d’autant plus que la quasi-reconduction in extremis des barèmes MaPrimeRénov’ avait redonné de l’espoir, sur le seul marché du bâtiment en légère croissance ».
La FFB souhaite que la ministre confirme au plus vite que cette situation ne remet pas en cause la simple possibilité pour l’Anah de valider les nouvelles demandes d’aide, qu’il s’agisse de rénovation d’ampleur ou par geste. A défaut, la rénovation énergétique connaitrait un véritable coup d’arrêt, qui plus est en plein hiver et alors que l’interdiction de louer les passoires thermiques est véritablement entrée en vigueur.
Olivier Salleron, président de la FFB, sonne l’alarme : « Un tel amateurisme constitutionnel nous surprend. Cette annonce illustre les conséquences mortifères du temps perdu depuis des mois et souligne le besoin urgent d’une loi de finances. Il en va de la pérennité de dizaine de milliers d’entreprises, donc de l’emploi de centaines de milliers d’artisans, d’entrepreneurs et de compagnons. Il en va tout simplement aussi de la capacité de notre pays à réussir la transition écologique », conclut Olivier Salleron.
UFME : "Enième remise en cause des aides publiques dédiées à la rénovation des logements !"
« Jusqu’à ce matin, nous nous félicitions d’avoir été entendu par nos décideurs publics et que notre demande de stabilisation des aides financières liées à la rénovation des logements pour les ménages soit prise en compte par le Gouvernement et confirmée par la parution le 4 décembre dernier d’un décret et arrêté relatifs à MaPrimeRénov’ et à la TVA à 5,5%", réagit l'UFME. « Aujourd’hui, nous constatons que cette stabilité indispensable pour les ménages et les professionnels va souffrir de nouveaux délais de traitement des dossiers, liés à l’absence de budget 2025 à cette heure. C’est une situation que nous regrettons, car comment se projeter dans des travaux sans pouvoir les budgétiser ?
Comment assurer l’emploi de ses salariés sans prévoir le planning d’activité des prochains mois ? Nous espérons que cette période d’incertitude sera la moins longue possible, avec le vote rapide d’un budget, déclare Bruno Cadudal, président UFME. La filière Portes et Fenêtres que je représente est, de fait, pénalisée dans ses activités par ce climat de flottement. Le marché de la rénovation représente près de 75% de notre quotidien. Depuis ces derniers mois nous connaissons de nombreuses cessations d’activité d’entreprises, des réductions importantes d’activité, entrainant de nombreux licenciements. Au-delà du cas spécifique de MaPrimeRenov’, nous renouvelons nos propositions présentées dans notre Manifeste concernant les politiques de rénovation thermique : stabilisation, simplification, homogénéisation des aides publiques. L’ensemble de la filière représentée par l’UFME reste pleinement mobilisé et espère un retour à la stabilité le plus rapidement possible », conclut Bruno Cadudal.
Capeb : "les artisans du bâtiment à nouveau victimes de la paralysie parlementaire !"
La CAPEB dénonce également "les conséquences désastreuses" de l’absence de budget 2025 qui, selon la Ministre déléguée au Logement, va entraîner la suspension du versement des aides MaPrimeRénov’. Cette situation peut marquer un coup d’arrêt significatif du dispositif et pénaliser très directement l’artisanat du bâtiment et le secteur de la rénovation énergétique, des piliers essentiels de la transition écologique et de l’économie française. Afin de ne pas bloquer totalement le dispositif, la CAPEB appelle à la poursuite de l’instruction des dossiers déposés par les particuliers et à l’adoption urgente du budget 2025 par les parlementaires pour le versement des aides au plus vite.
« Ce gel des versements va interrompre brutalement les travaux de rénovation énergétique, un marché déjà fragilisé, et plonger des dizaines de milliers de ménages dans l’incertitude, les amenant à reporter, voire à remettre en question, leur projet d’investissement. Cette situation aura des conséquences immédiates et graves : les entreprises artisanales verront leur activité chuter encore davantage, tandis que la confiance des ménages dans les dispositifs publics sera encore une fois durablement ébranlée.
Ce blocage ne pourra être levé qu’avec l’adoption d’un budget pour 2025 et le versement des aides pourrait prendre encore plusieurs semaines supplémentaires. Les artisans du bâtiment, déjà touchés par une baisse d’activité, et l’avance financière des travaux concédée à leurs clients, se retrouvent donc une fois de plus en première ligne, victimes collatérales de l’instabilité politique.
Face à cette situation critique, la CAPEB appelle les responsables politiques à agir sans délai. Il est impératif d’adopter rapidement un budget permettant aux entreprises de travailler normalement. Ce sursaut est plus que nécessaire pour relancer le marché de la rénovation énergétique, poursuivre notre lutte contre la précarité énergétique et la production de gaz à effet de serre.
La CAPEB souhaite la poursuite des dépôts de dossiers de demandes d’aides MaPrimeRénov’ sur les plateformes concernées. En effet, il est essentiel que le ralentissement engendré par cette inconséquence ne se traduise pas, en plus, par un arrêt brutal du traitement des demandes d’aides. Les dossiers ainsi instruits pourront se voir immédiatement soldés lorsque le budget 2025 sera validé.
La CAPEB rappelle également l’urgence de garantir la simplicité et la stabilité des dispositifs d’aides pour éviter de nouvelles crises à l’avenir. Par ailleurs, elle demande instamment à ce que le montage et l’instruction des dossiers puissent être poursuivis durant cette période de façon à faciliter la continuité du dispositif une fois la situation législative débloquée.
« Ce blocage est une conséquence très directe de l’instabilité politique dont les entreprises artisanales sont à nouveau les victimes. Leur activité, déjà en recul, est aujourd’hui asphyxiée par l’incapacité des élus à trouver des compromis. Dans ce chaos, la CAPEB entend bien défendre les intérêts des artisans qui agissent dans l’intérêt général. Je souhaite m’entretenir rapidement avec la Ministre du Logement », conclut Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.